Fany : Môm’artre, un levier de confiance en soi

Interview réalisée par Hugo Checinski et Pascal Montagne
Illustration par Marie-Blanche Huet

Fany Perret est une artiste de talent. C’est une spécialiste de la sérigraphie et de la gravure. Deux techniques grâce auxquelles elle exprime un univers joyeux, naturel et coloré.

À 40 ans, elle vit aujourd’hui de son art et se remémore avec nostalgie ce long parcours personnel qui l’a vu naître artiste, dans lequel Môm’artre a pris une place toute particulière. Son large sourire à l’évocation de l’association témoigne des nombreux souvenirs heureux qu’elle y a vécu pendant plus de six ans.

Celle qui jadis se cherchait, qui voulait donner du sens à ses actions, a pu s’épanouir dans l’environnement alternatif que propose Môm’artre. En tant qu’animatrice d’ateliers culinaires, de cinéma et de théâtre, Fanny a pu proposer aux enfants d’autres chemins que ceux de l’école. Découvrir des savoirs et des apprentissages, leur permettre d’expérimenter, d’essayer, quelquefois de rater et de réussir. Sans imposer de notion de réussite à tout prix. À chaque étape Fanny a pu les accompagner sur un chemin personnel où il est plus important d’être acteur que d’être le meilleur, où cheminer est plus important que de gagner.

Une approche d’expérimentation qui lui a permis notamment de lancer le festival du court métrage de Môm’artre, Cinémôme. Sélection des courts-métrages, constitution d’un jury, délibération et remise de prix, chaque étape a été réalisée par les enfants. Ils ont ensuite décerné le prix au cinéma Max Linder Panorama, où Jan Kounen, réalisateur du film 99 Francs, est venu rencontrer les lauréats.

Peux-tu expliquer le parcours qui t’as vu arriver à Môm’artre ?

Alors que je cherchais avant tout un métier qui ait du sens, j’ai tout simplement poussé la porte de Môm’artre dans le XVIIIème pour proposer mes services d’animatrice artiste. L’accueil très chaleureux de l’équipe, la créatrice de Môm’artre, m’a tout de suite mis en confiance, car nous avions la même conception de l’animation : je n’étais pas là pour simplement “garder” des enfants, mais les emmener sur les chemins de la découverte. Cela a été le début d’une collaboration exceptionnelle où j’ai pu mener de nombreux projets ambitieux sur la durée et inventer des activités de A à Z.

Qu’est ce qui fait la différence chez Môm’artre d’après toi ?

C’est l’approche pédagogique. On n’est pas dans une relation de “sachant” vis-à-vis de l’enfant. C’est plutôt un apprentissage commun. On n’explique pas comment il faut faire, comme le ferait un professeur. Ça change tout dans la relation sociale ! On est alors plus proche, un peu l’aîné bienveillant qui les accompagne dans leurs expériences. Il y a presque un côté familial qui se crée, car souvent les gamins que l’on a connus à Môm’artre continuent à prendre de vos nouvelles au fi l des années.

Quel est l’aspect qui te plaît le plus à Môm’artre ?

C’est le fait de pouvoir les accompagner tout au long de l’après-midi. Lorsque les enfants arrivent de l’école, on discute au goûter, on les accompagne pour les devoirs, puis on fait l’atelier, et c’est souvent autant de temps de discussions où l’on aborde beaucoup de sujets : l’art, le monde, la liberté, le racisme, etc.
Grâce à la mixité qu’offre Môm’artre, se croisent des enfants de diplomates, de réfugiés, d’ouvriers. Ce sont des opportunités de découvrir d’autres réalités, de s’ouvrir à d’autres cultures, d’échanger des idées. Ce sont des moments très enrichissants pour eux, que l’on ne retrouverait pas dans une autre association.

Peux-tu nous parler des ateliers que tu as réalisés ?

En 6 ans j’ai fait beaucoup d’ateliers différents, c’est fou ! L’inoubliable c’est Cinémôme, un festival de courts métrages. Mais je me souviens aussi d’un atelier de cuisine moléculaire où les enfants proposaient des recettes, ainsi qu’une performance de théâtre de rue qui s’est fi nie sous une avalanche de confettis, et j’en oublie !
Tous ces moments joyeux restent des souvenirs précieux. De l’extérieur cela paraissait probablement assez bordélique, mais en fait on préparait beaucoup les ateliers. On avait une trame précise, douze étapes séquencées pour cadrer le projet. Cela laissait à chacun un espace de liberté dans un environnement bien cadré. Pour certains enfants en échec scolaire, c’était une occasion de se réconcilier avec le cadre, la structure, sans avoir peur d’être jugé ou de se sentir incapable.

Qu’en as tu appris à titre personnel ?

Je dois beaucoup à Môm’artre, qui m’a aussi fait grandir. Voir ce que je pouvais réaliser avec des enfants m’a donné confiance en moi, m’a permis de découvrir la sérigraphie et de faire une école d’art grâce au soutien de l’association. Comme les enfants, c’est à Môm’artre que j’ai appris que tout était possible pour peu que l’on se donne les moyens. C’est la magie de cette association.

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