Matthieu : nos môm’artiens ont bien grandi !

 

Interview réalisée par Hugo Checinski et Pascal Montagne
Illustration réalisée par Marie-Blanche Huet

Mathieu Boulogne est un jeune homme doué. Après des études à Varsovie, à seulement 26 ans, cet esprit vif et volontaire est chargé de mission pour le think tank Euro partenaires, organisme centré sur les questions européennes. Silhouette fine, regard profond et sérieux, on découvre un jeune homme qui avance à grand pas dans la vie, tourné vers les autres, vers les langues, vers l’Europe. 

Il évoque avec nous ces quatre années à Môm’artre et se rappelle de quelques moments importants, de création, de rencontres et d’interrogation.

 

C’était comment ta première fois à Môm’artre ?

C’était assez rassurant. Je m’en souviens bien, parce que pour moi c’était la journée des premières : première journée d’école, mais aussi ma première journée à Môm’artre. Forcément ce sont des moments angoissants pour un enfant et dès mon premier jour, je me suis senti à l’aise. Môm’artre était vraiment un havre de liberté pour le petit garçon que j’étais. Il y avait un joyeux mélange de générations entre les enfants, les animateurs et les bénévoles retraités qui nous aidaient pour nos devoirs. Cela en faisait un endroit presque familial où l’on se savait en sécurité.

 

Quelles étaient tes premières impressions quand tu as découvert Môm’artre?

C’était un monde qui s’ouvrait à moi. Pour la première fois de ma vie, je découvrais ce qu’était l’art, quelque chose auquel je n’étais pas confronté habituellement. Je crois que j’en ai gardé une certaine passion pour la photo, grâce aux ateliers de photographie sténopé.

Beaucoup d’ateliers me restent en mémoire, comme la création de sculptures à partir de carcasse d’ordinateurs, ou encore des visites d’ateliers d’artistes. Je me souviens aussi d’avoir construit une maquette avec un moulin à eau, avec tout un cycle et une rivière. Je m’aperçois que les projets étaient souvent plutôt ambitieux, ils nous poussaient à collaborer avec les autres enfants. Cette collaboration, ces projets qui dépassaient le simple collier de nouilles que l’on aurait fait ailleurs, ce sont des souvenirs marquants. Et à l’issue du projet, on avait une grande fierté d’avoir réalisé un projet commun, d’autant que cela était présenté très officiellement lors des vernissages. Je crois que c’est pour cette raison que j’ai gardé pas mal d’objets de cette époque-là.

 

Tu as d’autres expériences d’ateliers qui sortent du cadre ?

Juste à côté de Môm’artre, il y a un hôpital avec un service gériatrie qui s’occupent en particulier de pensionnaires atteints de la maladie d’Alzheimer. Môm’artre avait organisé une rencontre et c’était un moment fort. À la fois cela nous apprenait en tant qu’enfants à mieux comprendre la maladie, le handicap, mais c’était aussi une bouffée d’air frais pour ces personnes. En tant qu’enfant, je pense qu’on a forcément moins de préjugés sur ces personnes, moins d’appréhension à communiquer avec elles. 

A Môm’artre, on croisait toutes sortes de gens, des jeunes, des vieux, de tous horizons. Avec ma vision d’adulte, je m’aperçois que la mixité sociale était vraiment importante. Mais en tant qu’enfant, je ne me posais absolument pas ces questions. Et c’est là aussi tout le talent de l’association : on jouait ensemble, on faisait les mêmes activité et l’intégration de chacun se faisait tout simplement. C’est aussi la force de ce projet que de créer un environnement diversifié où chacun est accepté et accepte l’autre naturellement. 

 

Quelle est la chose qui t’as le plus frappé pendant ces quatre ans ?

L’attention que les animateurs portaient à nos travaux. Ils s’efforçaient toujours de nous faire progresser, sans nous mettre en compétition. Quelquefois c’était assez drôle, comme quand j’ai réalisé un dessin d’immeubles sans fenêtres. Les animateurs s’interrogeaient si ce n’était pas un signe à interpréter dans ma psychologie enfantine, alors que j’avais voulu dessiner les immeubles de cette façon. 

Tous ces ateliers, ces moments sympas, j’ai vraiment apprécié cette période. Môm’artre fait partie d’un tout avec l’école, l’éducation de mes parents, mes propres expériences ultérieures, il est clair que cela a été un élément important de mon éducation. 

Mon passage à Môm’artre m’a ouvert au monde et je pense que c’est un peu grâce à eux si je suis attentif aux autres aujourd’hui. 

Liker :
X