Françoise : Môm’artre, un soutien pour son fils et pour elle

Interview réalisée par Hugo Checinski et Pascal Montagne
Illustration par Marie-Blanche Huet

Elle a découvert Môm’artre en prenant un flyer posé sur un comptoir de librairie. Françoise Depraz venait d’arriver dans le XVIIIème arrondissement de Paris.

Elle ne connaissait personne. Son fils, Adrien, âgé alors de cinq ans non plus. Après l’école maternelle, sa nourrice de l’époque se contentait de le mettre devant la télévision pendant trois heures. Ça ne lui « plaisait pas trop » et c’est peu de le dire. Alors elle a pris rendez-vous avec Mom’artre et « ça a été magique. Adrien a été embarqué. Une animatrice lui avait donné quelque chose à faire pendant que je remplissais les papiers d’inscription. De la peinture, je crois. C’était un moment extraordinaire, comme si on n’allait plus jamais repartir. »

En parallèle de son travail, Françoise Depraz a toujours élevé son fils seule. Responsable de la paie, puis des ressources humaines d’un grand groupe aéronautique, Môm’artre lui a proposé « beaucoup plus qu’un mode de garde. La famille Môm’artre a changé ma vie. »

Quand on arrive chez elle, sur une cheminée, accroché au mur ou sur une étagère, on peut encore voir quelques-uns des chefs-d’œuvre d’Adrien, fièrement exposés. Comme des vestiges de tout ce que Môm’artre a pu leur apporter.

Plus l’interview avance, plus on sent l’émotion pointer le bout de son nez à l’évocation de ces souvenirs qui datent de plus de 15 ans. Conclu par un message le lendemain : « C’était assez émouvant de revenir sur toutes ces années. J’espère que je ne vous ai pas trop saoulés. » La réponse est non.

Ça vous est apparu comme une évidence de proposer à Adrien d’intégrer Mom’artre ?

C’était important parce qu’on venait d’arriver dans le quartier. Il n’avait pas tant de copains que ça et Mom’artre lui a permis d’avoir un noyau social important, de rencontrer d’autres enfants qu’il allait côtoyer aussi à l’école. Et puis toute seule, je n’aurais pas pu l’ouvrir à autant de choses différentes, comme la sculpture ou la mosaïque… Quand Adrien a intégré Môm’artre, pour moi aussi ça a été une évidence que j’allais devoir m’y investir. La structure en elle-même m’a plu tout de suite. Chantal, la présidente et créatrice de l’association, m’a expliqué le projet : tu déposais ton enfant mais tu devais aussi, en tant que parent, participer à la vie de l’association. Tu venais le samedi laver les carreaux, tu lavais les « saprotèges », les vieux et gigantesques t-shirts que les enfants mettaient pour ne pas se salir avec la peinture… Selon la sensibilité des parents, c’était différent mais tu sentais que tu allais être embarqué dans un truc, dans une vraie aventure.

Vous avez élevé Adrien toute seule…

Une structure comme Mom’artre, j’en avais vraiment besoin, c’était une vraie solution ! Je n’avais Môm’artre et que Môm’artre. Mon travail est vraiment très prenant, je rentrais et rentre toujours
tard… C’était très compliqué de le faire garder. Mais Môm’artre fermait à 20h. C’était inédit pour moi. J’ai pu changer de job assez vite après l’avoir inscrit et je ne suis pas sûre que je l’aurais fait si jamais j’avais été bloqué par la nécessité de m’occuper de mon fils. C’est grâce à eux que j’ai aussi pu rencontrer d’autres parents…

Vous aussi vous avez évolué grâce à Mom’artre ?

J’ai pu aller à la rencontre de ce XVIIIème arrondissement que je connaissais à peine. Je suis devenue très copine avec Chantal et la mère d’une amie d’Adrien. À l’époque, pendant les vernissages, on rencontrait beaucoup de monde. C’était très festif. C’était très festif… (rires) On était une petite dizaine de parents à rester pour ranger, certes, mais surtout pour se marrer tous ensemble…

On a l’impression que vous avez eu le même usage de Mom’artre que votre fils et que vous aussi, vous vous êtes construite autour de cette association.

Tu viens avec un problème et tu es accueillie avec tant de bienveillance que ton problème n’existe plus. J’y ai trouvé beaucoup plus de choses que ce que j’étais venue chercher : des valeurs sociales et solidaires. J’y ai rencontré des gens que je n’aurais jamais connus autrement. On n’évoluait pas dans les mêmes mondes, les mêmes milieux sociaux culturels. Des parents m’ont invité à des expos, des concerts, des défilés de mode… Je n’aurais jamais fait ça toute seule. Il y avait un vrai sentiment d’entraide entre femmes. J’avais l’impression qu’on s’apportait beaucoup les unes aux autres et j’étais très heureuse qu’on fasse partie de cette structure. C’était un peu comme une grande famille, la grande famille du quartier.

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