Les foyers d’Aide Sociale à l’Enfance face au coronavirus

Dans le cadre de notre action sociale pour contrer les injustices créées par la crise sanitaire, nous avons distribué des kits d’activités artistiques dans plusieurs foyers d’Aide Sociale à l’Enfance. Joël travaille au foyer Mélingue et encadre le service des enfants de 3 à 13 ans. Il nous livre son expérience liée à la situation d’urgence.

Combien d’enfants et adolescents accueillez-vous dans votre structure ? 

On est un foyer de la ville de Paris et du département. On fait partie de la Direction de l’Action Sociale, à l’Enfance et à la Santé et le foyer Mélingue (photo ci-dessous) propose trois services : la pouponnière accueille les enfants de 0 à 3 ans, mon service accueille les enfants de 3 à 13 ans et le service d’adolescents prend les plus âgés, les enfants de plus de 13 ans.

Théoriquement dans le service dans lequel je travaille, il y 16 enfants et 12 éducateurs répartis en deux groupes : un groupe d’enfants de 3 à 8 ans et un groupe de 8 à 13 ans. Ils sont scolarisés dans les écoles et collèges alentours.

L’école étant fermée, avez-vous connu des moments difficiles ? Par le personnel encadrant ? Par les jeunes ?

Deux éléments étaient complexes : 

Le premier était le personnel manquant. Puisqu’il y a eu des membres du personnel qui étaient soit malades soit en suspicion de l’être entre 25 et 30 % de l’équipe qui n’était pas là. 

Le deuxième était qu’on avait les enfants 24h/24. En temps normal, il y a deux ou trois éducateurs par jour sur le temps du matin, du repas le midi et le soir sur les temps des devoirs et du coucher, parce que les enfants vont à l’école. Là, les écoles étant fermées, trois personnes la journée, ce n’est pas suffisant ! Il faut au moins deux ou trois personnes par groupe. Parce que qui dit confinement dit crise. On ne voit pas les parents, ça agite certains. Les crises, il faut les gérer, les isoler. Si vous êtes un ou deux dans le groupe vous ne pouvez pas. 

Donc la première quinzaine a été compliquée : il a fallu embaucher de nouvelles personnes sur un mois, un mois et demi. C’est par notre réseau ou des personnes qui se sont portées volontaires que nous avons pu recruter. On a eu des renforts des volontaires de la ville de Paris. Pour faire face à quatre arrêts nous avons dû recruter, dans notre service, quatre personnes afin qu’il y ait toujours du monde autour des enfants. Il faut prendre en compte que ces nouvelles recrues ne pouvaient pas faire les nuits, ne pouvaient pas être toutes seules dans le service. Pour les titulaires en poste, ça fait une petite aide, mais cela ne réduit pas tout. Ils continuent à être là tout le temps, à faire les nuits : il y a beaucoup de fatigue. Il est temps que ça s’arrête, pour nous comme pour les enfants. Cela va leur faire du bien de retourner à l’école.

Et l’école? La continuité pédagogique est-elle possible ?

Nous, on n’est pas professeurs des écoles. On ne peut pas gérer le groupe, répondre aux demandes individuelles ni mettre en place du soutien scolaire en étant en articulation avec les professeurs des écoles. On a recruté quelqu’un, une ancienne retraitée qui s’est signalée et qui a donc travaillé en articulation avec les professeurs, en lisant leurs mails et en faisant travailler un peu les enfants.

Cependant, c’est sur des volumes d’une heure et demie par semaine, deux fois trois quarts d’heure. On n’a pas les outils : deux ordinateurs pour seize enfants. On n’a pas de connexion Wi-Fi. On a fait ce qu’on a pu sur des petits temps individuels, mais ce n’est pas du tout satisfaisant en termes de suivi de scolarité. Les adolescents ne sont pas mieux équipés : ils ont quatre ordinateurs pour 12 ados. On est envahis de mails de la part des professeurs qui partagent beaucoup de séances, de devoirs à faire. Mais nous, on ne peut pas faire tout ça.

 Les temps scolaires étant compliqués à organiser, comment les enfants ont pu s’occuper ? 

Ils ont  joué, beaucoup aux jeux de cartes, aux jeux de société! Ils sont allés dans le jardin et ont construit des cabanes. L’autre fois, en extérieur, ils ont fait de la gouache avec des pochoirs.

Quel a été l’apport des kits d’activités Môm’ à la maison ?

C’était intéressant d’avoir tout ce matériel pour nos petits bouts. C’était assez complet entre les pinceaux, les tubes de gouache, les cahiers d’activités, les feuilles. Du coup, on en a bien profité!

Le 1er jour, le kit les a occupé toute l’après-midi : l’attrait de la nouveauté, les enfants, c’est comme quand on déballe des cadeaux. Maintenant c’est plutôt sur des temps calmes l’après midi. On essaie de faire des temps calmes après manger, donc ils dessinent, ils font des coloriages. Ils sont utilisés, y compris chez les petits comme chez les grands.

Donc cela nous a aidé à passer le confinement de la manière la plus douce et sereine possible. C’était bien de se renouveler avec d’autres supports.

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