“Je suis les liens que je tisse avec les autres”. En voilà une citation qui définit parfaitement le projet des Tisseurs Solidaires mené récemment par Aude Soret, animatrice/médiatrice chez Môm’Ganne. L’initiative avait pour but de sensibiliser les enfants aux situations des plus démunis. Et cela, suite à un constat : lorsqu’elle était dans la rue avec les enfants, ils avaient une “peur” du public SDF, ou employaient des mots inappropriés à leur égard. “ Il était important de leur expliquer que nous ne nous retrouvons pas dans la rue par hasard et que derrière les sans-abris, il y a des personnes comme vous et moi qui ont un prénom ”, confie Aude.
Étape par étape
Afin de créer du lien, les enfants de Môm’Ganne ont customisé des vêtements à l’attention des résidents du Samu Social de Paris. Plusieurs étapes ont été mises en œuvre depuis le 2 novembre. Tout d’abord, sensibilisation au projet, puis, campagne de communication via des affiches et dons de vêtements à récupérer au Samu Social. S’ensuit la seconde étape de la customisation avec de la couture, peinture, broderie, patchwork… Nombreuses sont les techniques utilisées par les enfants pour embellir tous ces vêtements ! “ C’était un challenge de proposer ces ateliers-là, notamment pour les plus agités ”, explique Aude. L’atelier a finalement permis de canaliser certains enfants, dès l’instant où l’aiguille était dans leurs mains, sont restés calmes et concentrés. Bilan très positif !
La troisième étape du projet était un grand jour ! Il s’agissait de l’aboutissement de l’initiative des Tisseurs Solidaires. Le 11 décembre, deux résidents prénommés Catherine et Giovanni, accompagnés de deux intervenantes du centre d’hébergement, se sont rendus à Môm’Ganne pour expliquer leurs différents parcours et métiers. Les enfants se sont improvisés journalistes en leur posant des questions : “ Pouvez-vous décrire une journée au Samu Social ? ” , “ Aimez-vous la mode ? ”, “ Pouvez-vous nous expliquer votre métier ? ” . Diverses ont été les questions pour apprendre à mieux connaître la vie des travailleurs sociaux ainsi que des résidents. Les enfants ont aussi eu l’occasion de présenter avec fierté, un à un, les vêtements qu’ils ont customisé en expliquant la technique entreprise.
Un rendez-vous autour du partage
Une rencontre qui a enchanté les résidents : “ Il n’y a pas besoin d’être grand pour faire du bénévolat, ni de passer par une association. Rien que de faire ce qu’ils font-là, c’est déjà du bénévolat ”, confie Giovanni. “ Quand on fait du bénévolat, il faut que ça vienne du fond du cœur. Cette initiative permet aux enfants de savoir ce que sont les gens dans la rue, ceux qui y étaient et qui commencent à remonter la pente. Grâce aux enfants et aux Samu Social, on va s’en sortir, il faut persévérer ”, déclare Catherine.
La quatrième et dernière étape du projet s’est tenue le mercredi 16 décembre. Lors du vide-dressing ayant lieu tous les mois au Samu Social de Porte d’Orléans, les œuvres textiles des enfants ont été exposées et ont reçu un très bel accueil de la part des résidents ainsi que des agents. Une résidente a d’ailleurs offert un dessin à l’attention des Tisseurs Solidaires, nommé « la Tisseuse ». Consécration le 19 décembre, un vernissage a été organisé à Môm’Ganne, afin de présenter les créations des enfants qui étaient très fières de montrer leurs œuvres textiles en format papier. Les parents ont adoré !
Môm’Ganne avait notamment conservé un lien avec le Samu Social à travers l’initiative des boîtes de Noël offertes aux plus démunis. C’était l’un des points de collecte de ces jolies boîtes, dans le but de les redistribuer aux résidents le soir du 24 décembre. Un bon moyen de réchauffer les coeurs, notamment en ces périodes de crises sanitaires.
Julie Nirchio.